lundi 16 février 2009

Le fantôme de mon exe

Une exe restera toujours une exe. Mais…

«Mom is not doing well now. She is refusing to eat and drink most times. It will be a matter of time. I will let you know what happens

Voilà très succinctement ce que mon exe irlandaise-ontarienne avait à m'annoncer dernièrement. Plus âgée que la mienne, sa mère est issue d'une génération à part. Plutôt coriace. Mais ayant déjà fait une commotion cérébrale, il semble que désormais ses jours soient comptés. Bien que cette nouvelle m'ait beaucoup attristée, ce n'est pas parce qu'un jour ou l'autre mon ex-belle-mère finira par quitter ce monde que j'ai l'intention de vous en faire l'apologie.

Chaque histoire est différente, je sais. Mais quand survient une rupture, cela vous laisse un goût amer que vous n'êtes pas prêtes d'oublier, peu importe les circonstances et les raisons. Surtout, si c'est vous qui avez été mises de côté!

Dans mon cas, je dois admettre que je n'étais pas de taille puisque mon exe irlandaise l'a fait, elle, à la suite d'un coup de foudre teinté de fascination culturelle. Elle m'a quittée en 1995 après dix ans de vie commune pour une anglophone de souche. Le jeu du miroir? Peut-être! En tout cas, certainement une sorte de retour aux sources: même langue, mêmes discours, mêmes origines, etc!

Remarquez que j'aurais pu faire la même chose si j'avais eu tendance à être infidèle. Avec le bleu des yeux que j'avais à l'époque, les francophones des alentours ne se gênaient pas pour flirter gaiement avec tout ce qui ressemblait de près ou de loin à un certain "patriotisme" à fleur de peau…

Quoi qu'il en soit, sept ans après l'événement, c'est avec détachement certes que je peux extrapoler maintenant sur le comment ou le pourquoi de cette désunion, sans pour autant me sentir anéantie. Mais cela ne s'est pas fait du jour au lendemain!

Les chats ont neuf vies, dit-on! Loin de moi évidemment l'idée de souhaiter à quiconque de vivre neuf ruptures car aucune ne fera de vous un meilleur être humain, sauf si vous y êtes vraiment destinées!

Cependant, sans trop exagérer, je crois que les ruptures, presque aussi nombreuses dans le milieu lesbien que des vies de chats, nous apprennent toujours un peu plus sur nous-mêmes. Par exemple, notre courage dans l'adversité, notre capacité à s'adapter à des situations différentes, notre attitude face à l'échec, bref, tout simplement notre volonté de survivre. Et de vouloir tout recommencer dès que, une fois la tête hors de l'eau, on arrivera malgré tout à toucher la terre ferme. Tous les chats en péril ne savent-ils pas nager après tout! Même si cet exercice vous fait maigrir plus que nécessaire et vous remet à fumer comme une cheminée… !

Toujours est-il qu'avec mon exe irlandaise, il m'a fallu du temps, beaucoup de temps pour oublier que j'avais prévu vivre à ses côtés jusqu'à la fin de mes vieux jours. De commerce agréable, ma famille l'adorait. Puis, ayant caressé mille et un projets d'avenir ensemble, nous prenions un soin jaloux de la propriété que nous avions achetée conjointement. De printemps en printemps, nous nous étonnions toujours de voir à quel point nos arbres croissaient et nos haies de rosiers sauvages se développaient. Sans oublier que nous avions, entre autres, même planté des asperges dans notre potager! Au fait, avez-vous une idée du temps que mettent les asperges à parvenir à maturité?

En outre, n'avais-je pas tout fait pour l'aider à améliorer son sort et par ricochet, sa vie professionnelle? Les longues études qu'elle a poursuivies, alors qu'elle a toujours pu compter sur mon encouragement et mon soutien moral, en font foi.

Au fond, c'est un peu comme si par aveuglement, ou naïveté, ou bien confiance débridée, j'avais tissé moi-même la corde avec laquelle je me suis pendue sans jamais imaginer un instant ce que la vie nous réserverait. Je l'aimais! Un point, c'est tout!

Mais on a beau surfer sur la certitude d'un amour éternel, personne n'est jamais acquis pour personne. Or, après avoir beaucoup rué dans les brancards et longtemps léché mes plaies, ce n'est seulement qu'après trois longues années, le temps ayant fini par cicatriser la blessure, que j'ai pu être en mesure de communiquer avec elle sur une base amicale.

Mais, hélas! Pourquoi faut-il tant d'années parfois pour s'en remettre? L'important, c'est justement ça: finir par s'en sortir! Et par la suite de passer à autre chose. C'est ainsi qu'aujourd'hui, mon exe peut me dire que sa mère n'en a plus pour très longtemps. Et que, lorsque cette dernière viendra à mourir, je crois que j'aurai bien envie d'être présente à ses funérailles accompagnée de mon amoure actuelle.

Parce que mon exe est devenue une amie depuis! Et pour moi, l'amitié, ça se cultive comme des… asperges! Avec patience et longueur de temps.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire