lundi 16 février 2009

À petits pas vers l'influence

Des femmes d'influence au Québec? Mais bien sûr qu'il y en a! Pendant que notre Céline nationale projette ses feux flamboyants partout, dans tous les hémisphères de la planète à la fois, plusieurs autres font campagne sur les scènes nationale et internationale, dans leur sphère d'influence respective. Bref, de ces belles dames, on en a au moins toutes entendu parler.

Mais qu'en est-il des lesbiennes d'influence québécoises? En général, la plus grande discrétion est leur marque de commerce. À la rigueur, nous en sommes encore à prendre des vessies pour des lanternes en ce sens que les rumeurs se mêlent souvent d'alimenter la curiosité, pour ne pas dire le voyeurisme pur et simple.

Oui mais, depuis le temps que Geneviève Paris tient le flambeau sans avoir trop à faire avec la concurrence jusqu'à ce jour, doux Jésus! vous ne croyez pas qu'elle doit commencer à avoir le bras ankylosé, la pauvre?

En tout cas, à trouver le temps long à tout le moins! Heureusement qu'elle arrive à se désennuyer en mettant à jour son site Internet! … Quelle femme de patience et d'imagination!

Oh! attention! Je ne vous dis pas que celle-ci va porter le flambeau à son tour, mais bien que plusieurs d'entre nous savaient depuis longtemps, n'existe-t-il pas une autre personnalité qui a publiquement osé dire les mots interdits?

Dans un documentaire biographique réalisé en 2002 et présenté au canal D dernièrement, Clémence Desrochers s'y est livrée, corps et âme, avec toute la fraîcheur qu'on lui connaît. C'est-à-dire sans détour ni artifice! Ne la voit-on pas en plein spectacle s'adresser directement à son amie assise dans la salle ou lui demander la réplique dans les coulisses… ? Puis, parlant de sa mère, elle disait que cette dernière tenait plus que tout au monde à ce que sa fille soit heureuse, peu importe qu'elle ait des amants ou… des maîtresses.

"Ouais! Ben elle, elle n'a plus grand chose à perdre!", me diront sans doute certains esprits plus réalistes que malveillants. Faut dire que la lucidité n'est jamais très loin de la vérité. C'est vrai que la réputation de Clémence Desrochers, construite sur le roc de sa grande popularité auprès d'un public qui lui voue un attachement indéfectible, est désormais à l'abri des bourrasques médiatiques parfois déstabilisantes.

Entre nous, il faut bien admettre qu'il est encore préférable, dans la plupart des cas, d'atteindre un certain sommet dans une carrière pour avoir enfin le champ libre de dire ou ne pas dire, c'est selon, ce que l'on est dans la vraie réalité. Comme si le fait d'atteindre ce sommet dans sa carrière, tout comme celui de prendre sa retraite d'ailleurs, faisait soudainement pousser des ailes au courage! Vive l'intimité 55!

Mon coup de coeur 2003

J'aimerais, cette année, rendre un hommage particulier à une lesbienne tout ce qu'il y a de plus ordinaire. Certes, le courage n'étant pas un privilège exclusif aux gens d'influence, Dieu merci! cette grande qualité se reconnaît aussi chez des personnes qui, comme vous et moi, ont longtemps cultivé un rêve, puis un beau jour, ont pu saisir au vol l'occasion de le réaliser.

Je pense ici à notre amie Lilie qui a su tenir tête aux nombreux obstacles qui ont parsemé son chemin, et qui aujourd'hui peut dire fièrement: "Enfin, j'ai réussi! On the road again!" Un exemple à suivre!

Et va pour les belles Québécoises!

Les lesbiennes sont-elles encore des femmes… ? Hum!

Une grande figure de proue ou phare du lesbianisme est décédée à l'âge de 67 ans, le 3 janvier dernier à Tucson (Arizona), où elle vivait et enseignait depuis de longues années.

L'écrivaine française Monique Wittig, dont L'Opoponax (éd. de Minuit, prix Médicis 1964) fut qualifié d'"oeuvre éclatante" par Marguerite Duras, plaçait le lesbianisme au centre de son écriture et de sa réflexion, mais elle s'opposait totalement aux théories de la différence sexuelle et à toute conceptualisation d'une écriture ou littérature féminine.

Militante de la première heure du Mouvement de libération des femmes, elle était de celles qui, le 26 août 1970, déposaient à l'Arc de triomphe une gerbe à la femme du soldat inconnu - événement considéré comme le geste fondateur du mouvement féministe en France. En 1972, on la retrouvait active au premier groupe lesbien constitué à Paris, les Gouines rouges.

Théoricienne du féminisme matérialiste, elle dénonce le mythe de "la - femme", met en cause l'hétérosexualité comme régime politique, base d'un contrat social auquel les lesbiennes refusent de se soumettre: "La femme n'a de sens que dans les systèmes de pensée et les systèmes économiques hétérosexuels. Les lesbiennes ne sont pas des femmes." (L'ensemble de ses essais théoriques a été publié en 2001 chez Balland.)

Si la vie de cette grande penseuse des temps modernes vous intéresse, je vous rappelle que Monique Wittig a été co-auteure du scénario d'un film, The Girl, qui a été réalisé en 2000 par son amie Sande Zeig. Un film qui vaut sans doute la peine. Mais le trouver semble être un exploit en soi.

Aux lesbiennes qui sont toujours des… femmes et aux femmes qui sont… lesbiennes,
le 8 mars, c'est aussi notre fête!

Au plaisir,
Denric

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