lundi 16 février 2009

La pécheresse

Quel automne d'enfer!

Il y avait longtemps, qu'on n'avait pas eu droit à un mois de septembre aussi resplendissant. Pour une fois que le soleil a choisi d'émigrer au Québec, laissant aux Floridiens le privilège de réinventer les moulins à vent et cela, dans tous les sens des maux! Du même souffle cyclonique, règle générale, on ne peut pas dire que ce même septembre 2004 a manqué d'action…

Naturellement, personne ne peut rester insensible aux calamités de toutes sortes et aux drames humains à grande échelle qui n'arrêtent pas de frapper certains de nos semblables, souvent parmi les plus déshérités. On pense ici, évidemment, au sort du petit peuple haïtien que Dieu semble avoir remis entre nos mains…

Mais, il y a eu aussi de grands rassemblements politiques très lourds de conséquences pour l'avenir de la planète toute entière. Le dernier Congrès républicain américain, à New York, est l'un de ceux-là.

Or, ce qui m'amène, toutefois, à revenir sur cet événement extraordinaire, c'est que, comme bien d'autres sans doute, moi aussi, je n'ai pu faire autrement que de me sentir indignée par le geste d'un certain Dick Cheney: un homme d'influence et de confiance, actuellement vice-président américain, en quête d'un second mandat.

Ce soir-là, après avoir terminé son discours et suivant la coutume de ces grandes messes politiques américaines, le vice-président a invité sa famille à venir se joindre à lui sur la scène. C'est alors qu'on n'y a vu que l'une de ses deux filles: Elisabeth avec son conjoint et leurs quatre enfants.

L'autre, Mary, qui était pourtant dans la salle et n'aurait eu que quelques marches à gravir, a été singulièrement exclue de ce moment de gloire. "Mary est quelque part, là-bas!", aurait évasivement répondu Lynne Cheney, sa mère, à qui l'on a demandé où était passée sa fille.

L'ennui, voyez-vous, c'est que Mary Cheney est lesbienne. Elle a beau avoir travaillé d'arrache-pied à la réélection de son père et quant à lui, de répéter partout qu'il aime ses deux filles autant l'une que l'autre, rien n'y fait. Il n'en demeure pas moins que la tache, l'opprobre et la honte qu'elle représente aux yeux des membres de son parti l'ont emporté dans sa décision.

Photo: The Advocate - Mary Cheney (à gauche) en compagnie de sa partenaire Heather Poe
durant le Congrès républicain américain à New York, le 1er septembre dernier.


Faut-il se rappeler que, la veille, un candidat pour ce parti au Sénat avait dit d'elle, qu'elle n'était qu'une "pécheresse" et "une égoïste (ou hédoniste) à la recherche du plaisir". Plutôt déchirant, pour un vice-président qui, la semaine précédant le Congrès, s'était prononcé en faveur des relations entre homosexuels et avait déclaré que: "La liberté signifie la liberté pour tous!". N'empêche que c'est avec une cruauté et une lâcheté qu'on n'aurait jamais cru possible chez un père, que Dick Cheney a tristement choisi son parti avant sa famille.

Évidemment, l'épisode n'a pas passé inaperçu et continue de faire des vagues. Certes, bien que cela n'aura eu que très peu d'incidence sur le fait que les gais républicains viennent de rompre avec leur parti, on apprend tout de même qu'une organisation républicaine (Log Cabin) a retiré, le 8 septembre dernier, son appui à George W. Bush. Cette organisation qui défend les droits et libertés des gais et lesbiennes se concentrera désormais sur la lutte contre la droite radicale.

Quoi qu'il en soit, dans la vraie vie, pas toujours drôle la belle histoire des gens riches et célèbres! Loin de là. Mais celle-ci ne vient-elle pas soudainement réanimer de vieux fantômes qu'on croyait morts et enterrés au fond de nos placards?

Et par la bande, nous renseigner du même coup qu'en matière d'orientation sexuelle et de tout ce qui vient avec, nous sommes encore, plus loin que près, de la coupe aux lèvres?

Mais, cette triste réalité n'existerait-elle pas que pour les autres? Réalisé en l'an 2000, Homophobie, un documentaire coup de poing de Lionel Bernard et présenté il y a quelque temps à Télé-Québec, nous rappelait froidement à l'ordre, en ce sens qu'il dressait un état des lieux sans compromis de l'homophobie à travers le monde. Or, malgré l'évolution des mentalités, l'homophobie demeure encore souvent tacite, souvent violente, parfois même mortelle.

Cependant, est-il toujours nécessaire de crier à l'homophobie pour savoir que l'hypocrisie, institutionalisée ou non, l'incompréhension et l'ignorance pures et simples sont toujours aux aguets?

"Allons donc, me direz-vous! Tout cela se passe ailleurs. Ici, c'est différent. On est devenus beaucoup plus tolérants. Nous, on nous accepte davantage. On est de moins en moins traités comme des parias. À preuve, ici, les lesbiennes peuvent se marier, un jour, puis divorcer, le lendemain… Alleluia!"
Vous croyez?


En tout cas, cela me rappelle tout à coup que ma propre mère, toujours de ce monde, (et pas plus homophobe que vous et moi), m'a déjà fait promettre d'attendre qu'elle soit morte, si jamais il me prenait l'idée de me marier… avec mon amoureuse. Comme si elle avait voulu me dire, à quel point, elle a souffert son lot de honte à cause de moi.

Serais-je donc une pécheresse, moi aussi?

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Cinq ans, déjà!


Coton… cuir… froment… cire… Maintenant "Touchons du bois!"… Et pourquoi pas? Vous rendez-vous compte? Cela fait cinq ans, cette année, que mon amoureuse et moi, avons fait connaissance. N'essayez pas de me tirer les vers du nez! Nous ne nous sommes pas rencontrées à la pêche. Ni dans un bar lesbien, d'ailleurs; ce qui aurait pu devenir une longue traversée du désert. Enfin, et bien sûr que cela ne s'est pas fait dans une réunion Tupperware, non plus!

Alors donc?


Retour à la source, voyons! Situé dans une merveilleuse oasis, notre tertre de départ du trou numéro 1 était isolé et privé, à l'abri des regards et loin des cris dans le désert. C'est précisément dans cet endroit de rêve, qu'on a frappé notre première balle en toute quiétude, il y a cinq ans de cela.

Et l'avons-nous encore fait, cette année. D'abord, par monts et par vaux, comme au premier jour, on a roulé à vive allure en contournant des étangs plein d'embûches et de mystères. Puis, on a côtoyé des fosses de sable aussi vastes et infinies que des "déserts de l'amour". Enfin, on a presque remué ciel et terre pour éviter de se couper l'herbe sous le pied...

Là aussi, à dos de chats-mots, on a parcouru, cahin-caha et main dans la main, toute l'immensité saharienne de notre mémoire. Cette mémoire capricieuse et maudite à la fois qui, sans cesse, nous file entre les doigts, comme des grains de sable d'un sablier qu'on n'arrête pas de retourner, tantôt à l'endroit, tantôt à l'envers.

Cependant, en plein coeur du désert d'Arabie, cette fois, durant certaines mille et une nuits passées sous la tente de percale, ne nous est-il pas arrivé quelquefois d'avoir eu à protéger nos visages du souffle brûlant des siroccos qui charriaient du feu jusque dans nos yeux mouillés?

Depuis, on dirait que l'amour et la tendresse ont fait leur oeuvre de complicité entre nous deux. Et c'est sans doute à cause de ça, que j'aime désormais naviguer près d'elle, sur ce long fleuve (pas) toujours tranquille, qu'est la caravane de la vie!

Bon anniversaire, mon coeure de vitrail!
Merci d'être là!

Au plaisir
Denric xxx

Octobre 2004

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